Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ceux qui exercent l’autorité. Les comices populaires et les souverains absolus désorganisent également la Constitution lorsque, ayant à déléguer leurs pouvoirs, ils préfèrent la flatterie et le vice à l’indépendance et à la vertu. Il serait même facile de prouver par l’histoire que la corruption des électeurs n’a pas été moins funeste aux peuples que celle des rois.

Dans l’ère de révolution qui reste ouverte en France depuis 1789, les deux régimes ont été également faussés par l’oubli du Décalogue et de la Coutume (§§ 30 à 32). À vrai dire, nos quatre régimes de liberté[1], comme nos quatre régimes de contrainte[2], ne se sont rattachés que de nom

    demeure, ou leur aura vendu des liqueurs spiritueuses, sera condamné à l’amende. »

  1. Le but principal de nos régimes dits de liberté a été de faire intervenir autant que possible, dans les actes de souveraineté, des hommes élus à cet effet par la nation ; mais aucun de ces régimes, sauf le premier, n’a songé à rendre aux particuliers les libertés privées et locales que Louis XIV avait amoindries et que la Terreur a définitivement détruites. Ces régimes ont duré 27 années, savoir : La lutte de l’ancien régime et des assemblées, 2 années (1789-1791) ; la Convention (après le 9 thermidor) et le Directoire, 5 années (1794-1799) ; la Restauration, 16 années (1814-1830) ; la République de 1848, 4 années (1848-1851).
  2. Les sympathies de la nation se sont, en général, rattachées aux régimes de contrainte ou de gouvernement personnel, en vue de mettre fin aux tiraillements et aux agitations des régimes de liberté. Le moyen a toujours été de conférer la dictature ou tout au moins une influence prépondérante à des hommes choisis en raison de leur mérite propre. Jusqu’à ce jour (juin 1869), ces régimes ont duré 53 ans, savoir :

    La Terreur, 3 années (1791-1794) ; le Consulat et l’Empire,