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aura obtenus par le procédé le plus efficace. Le gouvernement a directement blessé beaucoup d’intérêts, même parmi ses partisans. Il a, par suite, soulevé des rancunes qu’exploitent depuis lors les partis hostiles ; car, selon la tactique de certains opposants, un bienfait, s’il est l’œuvre de l’autorité, est signalé comme un fléau. D’un autre côté, l’intervention exclusive des gouvernants a fait perdre aux particuliers l’occasion d’acquérir les aptitudes et les robustes convictions que développe l’initiative des réformes utiles. De cette double circonstance il résulte que la réforme commerciale n’a point ses racines au sein de la nation ; et, si quelque revirement inattendu ramenait un jour vers le système prohibitif la sympathie des gouvernants, il se pourrait que nous restassions définitivement privés des avantages qui ont été si rapidement conquis.

L’initiative prématurée des gouvernants, en ce qui touche la réforme du travail, offrirait des inconvénients analogues. Le rétablissement des six pratiques essentielles dans les ateliers et de l’ordre moral au sein de la nation exige, entre autres innovations, le rappel de deux lois de contrainte datant de la Terreur (§§ 35 et 36). Or celles-ci sont plus soutenues que ne l’était l’ancienne loi douanière par les passions et les préjugés. Le gouvernement, s’il entreprenait de