Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/491

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la corruption du gouvernement central. Ils croyaient que la réforme devait surtout changer le personnel des gouvernants et le mécanisme de la souveraineté. Cette croyance s’est perpétuée jusqu’à nos jours : elle a provoqué nos dix révolutions, et elle n’est point étrangère aux agitations de l’époque actuelle[1]. Ces révolutions ont modifié des textes ; mais elles n’ont changé ni les idées ni les mœurs. Elles n’ont point restauré les autonomies privées et locales que l’ancien régime a détruites, et que tous les peuples prospères ont conservées. L’expérience a depuis longtemps prouvé que ces autonomies sont indispensables au succès de tous les gouvernements ; et c’est pourquoi nos rivaux trouvent la stabilité sous le régime de liberté, comme sous le régime de contrainte (§ 8), tandis que nous oscillons, depuis quatre-vingts ans, d’un régime à l’autre sans pouvoir nous fixer à rien.

Les trois premiers régimes de contrainte (§8, n. 12), qui se sont périodiquement reproduits dans l’ère actuelle de révolution (§17), ont échoué par des causes fort différentes de

  1. Écrit pendant les élections qui ont eu lieu en 1869 pour la nomination des députés au corps législatif. Cette remarque s’applique également aux luttes qu’engendre, à la fin de la même année, au moment où je mets sous presse, le nouveau régime établi par le sénatus-consulte du 6-8 septembre 1869.