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vent à la prospérité, offrent beaucoup d’analogie dans plusieurs de leurs institutions. Le contraste qui existe dans l’organisation de la souveraineté s’efface à mesure qu’on se rapproche du gouvernement local et de la vie privée. Sous les régimes de liberté, comme sous les régimes de contrainte, en Angleterre, en Biscaye, en Suisse, en Scandinavie, comme en Russie, en Prusse et en Turquie, la vie locale jouit d’une complète autonomie, sous le contrôle des gouvernants et le patronage des Autorités sociales (§ 5). J’ajoute qu’en étudiant dans leurs détails les diverses constitutions européennes, j’ai souvent constaté que l’action de la souveraineté était parfois plus gênante, sous les régimes de liberté[1], que sous les régimes de contrainte.

Enfin les deux régimes offrent encore une analogie saisissante. La corruption, lorsqu’elle commence à s’y introduire, a presque toujours la même origine, c’est-à-dire l’oubli du devoir chez

  1. Ainsi, par exemple, l’État de Massachusets a édicté en 1789, après la conquête de l’indépendance, contre les ivrognes et les joueurs, une loi de contrainte dont l’équivalent ne paraît exister sous aucune des monarchies absolues de notre temps. Selon le texte de cette loi :

    « Les selectmen de chaque commune feront afficher, dans les boutiques des cabaretiers, aubergistes et détaillants, une liste de personnes réputées ivrognes, joueurs, et qui ont l’habitude de perdre leur temps et leur fortune dans ces maisons ; et le maître desdites maisons qui, après cet avertissement, « aura souffert que lesdites personnes boivent et jouent dans sa