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deux grands enseignements. Il montre comment les libertés du moyen âge ont fixé, dans une ancienne colonie de Français, des aptitudes et des vertus que les tyrannies de Louis XIV et de la révolution ont depuis longtemps détruites dans la métropole. Il prouve, en second lieu, que le catholicisme conserve sa puissance, quand les clercs gardent la simplicité des premiers siècles, quand ils sont exposés aux persécutions, et, tout au moins, quand ils n’ont pas le pouvoir d’opprimer les dissidents. Des passions subversives tendent aujourd’hui à expulser le chef des catholiques, malgré la volonté de son peuple, de l’asile qui lui est acquis depuis dix-huit siècles : si cette nouvelle injustice était commise, le souverain pontife trouverait au Canada, au milieu d’une race fidèle et paisible, la protection et le respect que l’Europe lui refuserait.

Enfin l’histoire du Canada met en lumière l’erreur des écrivains qui vouent le moyen âge au mépris, pour exalter sans cesse Louis XIV ou la révolution : car la vérité se résume avec évidence dans les faits suivants. La famille et la religion du moyen âge avaient fait sortir des vieilles souches de la France les deux rameaux du Canada et de la Louisiane. La corruption de Louis XIV et de son successeur a amené le honteux abandon du Canada ; et les désordres