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permis les rivalités des Européens. Les prêtres séculiers, secondés souvent par les jésuites, ont dirigé toutes les entreprises de défrichement : ils ont présidé à la création des villages en joignant à leur fonction principale celles du législateur, du juge, de l’architecte et du médecin. Au milieu des souffrances provenant de la guerre, des épidémies, des famines, des désordres atmosphériques, puis de l’abandon de la mère patrie, les clercs ont constamment soutenu les courages et conservé l’esprit national. Quand sont venus de meilleurs jours, sous la domination britannique, ce sont également les clercs qui ont lié indissolublement à la langue française l’enseignement de la religion, la culture des arts, des sciences et des lettres. Si les voyageurs français trouvent aujourd’hui hors d’Europe une province qui leur rappelle la patrie, ils doivent cette satisfaction au dévouement des clercs catholiques du Canada, et à la solide organisation des familles qui fournirent les premiers colons.

Le Canada offre maintenant aux Européens

    pascal. Les Anglo-Saxons ont toujours exclu les sauvages indigènes des territoires qu’ils ont colonisés. Les Français, à l’époque où ils créaient des colonies prospères, donnaient sous ce rapport des exemples qu’on ne retrouve guère chez les peuples qui excellent aujourd’hui dans l’art de coloniser. Mais le partage forcé, en détruisant dans la race française cette aptitude, a fait un tort irréparable à l’humanité (§§ 23 et 46).