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rent et du Mississipi, ne peut aujourd’hui pourvoir qu’avec le concours de sept autres évêques aux seuls besoins spirituels du bas Canada.

Aucun peuple n’a mieux mis en lumière, par sa propre histoire, les forces incomparables que l’humanité trouve dans le catholicisme quand celui-ci dispose de clercs pauvres et dévoués à leur mission. Dès l’origine, le clergé s’est mis à la tête de la colonie[1] : il a exploré le pays dans toutes les directions ; et, tout en préparant les succès, des colons, il a travaillé à l’amélioration morale des indigènes[2], autant que l’ont

  1. La fondation de Montréal et la colonisation de son île ont été une admirable manifestation de l’esprit chrétien qui animait la France à la grande époque de Louis XIII (§ 16). L’œuvre fut commencée en 1640 par l’abbé Olier et M. de la Dauversière, avec le concours de la société de Notre-Dame de Montréal, dont le programme était : « travailler purement pour la gloire de Dieu et le salut des sauvages. » Elle fut continuée, à partir de 1663, par la compagnie du séminaire de Saint-Sulpice (fondée à Paris par l’abbé Olier). Cette même compagnie possède encore dans l’île des propriétés. Le gouvernement anglais les a attribuées en compensation des anciens droits seigneuriaux qui ont été, depuis 1763, abolis dans toute la monarchie britannique, moyennant des équivalents équitables. On ne saurait trop constater qu’une corporation de Paris a conservé, sous la domination anglaise, des propriétés qui auraient été confisquées par la révolution si le Canada eût conservé sa nationalité. (Voir la Vie de M. Olier ; Paris, 1841, 2 vol. in-8o. — Histoire de la Colonie française au Canada ; Villemarie de Montréal,1865, 3 vol. in-4o.)
  2. Les indigènes américains qui ont atteint, de nos jours, le plus haut degré de moralité sont sans contredit les races évangélisées, dans le bassin du Saint-Laurent, par le clergé franco-canadien. On peut aisément les observer, près des rives de ce fleuve, quand ils viennent périodiquement y remplir le devoir