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États, est déjà puissante[1] ; et, en raison de l’immensité de son territoire, elle peut compter sur de hautes destinées. Par un singulier concours de circonstances, elle réunit, dans sa constitution actuelle, ce qu’il y a de plus recommandable dans les traditions de l’ancienne France et dans les pratiques actuelles de l’Angleterre et des États-Unis. La confédération britannique groupe, en effet, la plupart des bons éléments propres aux meilleures constitutions européennes, et elle est exempte des maux qui les affaiblissent. Le souverain a réduit à ses extrêmes limites son immixtion personnelle[2] ; et, en raison de son éloignement, il ne saurait empiéter sur les droits de ses sujets. Le gouvernement central est sous la haute direction de trois autorités : un gouverneur général, délégué par le souverain ; un sénat à vie, nommé également par le souverain, et une chambre de représentants élus par les États-provinces. Ce gouvernement intervient en ce qui concerne : la justice fédérale et provinciale ; la défense du

  1. Cette Confédération, dont le nom français officiel est le Canada (traduction de la loi du 23 mars 1867), est déjà aussi peuplée que l’était à son début l’Union américaine.
  2. Cette immixtion ne s’exerce d’ailleurs qu’en conseil privé, et elle a seulement pour objet : la nomination du gouverneur général et des membres à vie du sénat ; le droit de grâce et le veto pour les institutions qui, telles que l’esclavage, par exemple, seraient en contradiction formelle avec les principes fondamentaux de la monarchie.