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grandes nations modèles ? À cette question j’ai presque toujours reçu la même réponse : l’Espagne, sous le règne d’Isabelle et de Ferdinand (1479-1504) ; la France, sous Louis XIII (1629-1661)[1] ; l’Angleterre, depuis le règne de George III ; les États-Unis, depuis la présidence de Washington. J’ai souvent constaté, dans le cours de mes travaux, la supériorité de ces deux derniers modèles, et je ne me permettrais pas d’affirmer qu’elle est en voie de se perdre. Au milieu de la corruption qui se manifeste depuis dix ans en Angleterre[2], et surtout aux États-Unis (§ 60), nul ne saurait discerner encore s’il s’agit ici d’une décadence réelle ou seulement d’une de ces défaillances momentanées dont aucun peuple ne saurait se défendre. Cependant, alors même que le premier cas se réaliserait, l’humanité ne resterait pas sans modèles : elle les retrouverait dans la confédération britannique de l’Amérique du Nord.

Cette nation, composée à son début de quatre

  1. Voir le précis (§16).
  2. Cette corruption se révèle par la propagation de certaines habitudes que l’opinion eût sévèrement condamnées en 1836, à l’époque où je commençai mes études en Angleterre : la création des divertissements publics ayant un caractère scandaleux ; l’adoption du scepticisme par la jeunesse riche ; les attaques contre la religion faites au nom des sciences de raisonnement et d’observation. Dans l’ouvrage cité ci-dessus (§ 39, n. 4), plusieurs Anglais sont désignés parmi les chefs du scepticisme scientifique.