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factices ; et, en diplomatie, le moyen habituel consiste à créer des conflits. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si des hommes compétents inclinent à restreindre un service qui est devenu contraire au but de l’institution. Tant que l’esprit d’injustice planera ainsi sur l’Europe, les gouvernements ne seraient représentés au dehors que par de simples agents commerciaux. Les intérêts politiques, qui devraient être défendus aux époques critiques par les souverains amis de la paix, seraient confiés à un petit nombre de hauts fonctionnaires placés aux premiers rangs de l’État, ayant appris, par une longue observation des gouvernements européens, à connaître les vraies sources du mal actuel et en neutraliser les effets[1].

Le service colonial complète les services pré-

  1. Telle était la pratique qui fonda l’ascendant moral de saint Louis. « Après cette guerre, que le roi apaisa, survint une autre grande guerre entre le comte Thibaut de Bar et le comte Henri de Luxembourg. Pour apaiser cette guerre, le roi envoya Mgr Pierre, le chambellan, l’homme du monde qu’il croyait le plus ; et ce fut aux dépens (aux frais) du roi ; et le roi fit tant qu’ils furent réconciliés. » (Joinville, Histoire de saint Louis, CXXXVII. Henri IV, d’après les Mémoires de Bassompierre, employa aussi utilement la même méthode dans ses négociations avec les petits États allemands. La supériorité de l’ancienne méthode est singulièrement démontrée par les désordres du temps actuel. En présence d’une guerre imminente, un diplomate habile, choisi par un souverain ami de la paix, simplifierait toujours les questions. Dans toutes les circonstances, la diplomatie bureaucratique est portée, par son instinct, à les compliquer.