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ont été apportés (§ 60), n’ont guère, en fait, modifié ces Coutumes. Les mœurs et les institutions cherchent encore visiblement le royaume de Dieu et sa justice[1]. Il n’est donc pas vrai de dire que les Américains soient devenus indifférents à l’observation de la loi religieuse. À la vérité, les croyances se sont affaiblies, depuis quelques années, dans plusieurs localités ; mais il s’en faut de beaucoup que cet affaiblissement ait coïncidé avec le progrès des mœurs. Les bons exemples que donnait autrefois l’Amérique sont peu à peu remplacés par des traits de corruption et de cynisme qui sont pour l’Europe un sujet d’étonnement[2]. L’antagonisme social, la

  1. Matthieu, vi, 31, 33. — On pourrait justifier cette assertion par une foule de faits : je me borne à citer les suivants. Les cérémonies publiques, les sessions du congrès et celles des législatures particulières débutent toujours par des prières. Dans les grandes circonstances, heureuses ou funestes pour la nation, le président invite les citoyens à rendre des actions de grâces à Dieu, ou à faire acte de pénitence. Les magistrats n’acceptent que les témoignages ayant pour garantie la croyance en Dieu (la Réforme sociale, t. Ier, p. 140). Ils sont souvent les auxiliaires de la religion. Ainsi, ils font observer rigoureusement le repos dominical ; ils punissent par la prison les blasphèmes contre Dieu ou les dogmes chrétiens, et par l’amende les jurons inspirés par la colère ; ils protègent contre l’indiscrétion du public les réunions religieuses qui ont lieu dans les temples ou à l’air libre (camp meetings) ; ils exemptent en général du service militaire les ministres de tous les cultes ; ils ne se sont guère écartés de cette coutume que pendant la dernière guerre, et encore ont-ils réservé aux ministres un service en rapport avec leur caractère religieux ; ils veillent à l’exécution des obligations du sacrement de mariage, conféré par ces ministres sans aucune intervention de l’État.
  2. Les traits les plus scandaleux se rapportent aux