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sociale, où les citoyens sont pénétrés de l’esprit de justice, où d’ailleurs on n’a point à redouter les entreprises injustes des nations voisines. Ces peuples modèles assurent la paix intérieure au moyen d’une police locale dont les agents, soutenus par l’opinion unanime des familles, n’ont pour armes qu’un emblème inoffensif de l’autorité publique[1]. Ils pourvoient à certaines éventualités exceptionnelles au moyen d’une milice locale ; mais les magistrats tiennent à honneur de ne la faire intervenir que dans les cas où leur autorité ne serait pas suffisamment protégée, par les citoyens non armés, contre les entreprises des perturbateurs.

Les peuples qui ne sont point à l’abri de toute chance d’agression, et qui, pour se défendre, entretiennent une armée permanente, s’appliquent à en atténuer autant que possible les inconvénients et les charges. Les armées de terre et de mer sont des institutions exceptionnelles, et elles ne conservent une existence légale qu’à la condition d’être sanctionnées annuellement par le pouvoir législatif[2]. La permanence n’existe, à vrai dire, que pour une faible partie de l’armée adonnée à certaines

  1. En Angleterre et en Écosse, en Biscaye, en Norwége, etc. (§ 2, n.1 et 2).
  2. En Angleterre, les soldats ne sont tenus d’obéir aux officiers que si le parlement a voté à l’avance la loi dite Mutiny-act. (La Réforme sociale, t. III, p. 214.)