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de nouveauté ; mais l’une et l’autre sont toujours ramenées par l’opinion publique à l’unité d’action. Quand l’opinion est unanime, le souverain sanctionne plutôt qu’il ne dirige la marche du gouvernement. Quand elle est douteuse, c’est-à-dire quand les conservateurs et les novateurs se neutralisent mutuellement, le souverain, s’il a conquis par ses talents une influence personnelle, prend réellement la conduite des affaires. Sous ce régime, la prospérité peut se maintenir alors même que le souverain est incapable ou vicieux ; mais, quels que soient les talents et les vertus de ce dernier, la décadence est imminente si la masse du corps électoral se laisse envahir par la corruption.

Le pouvoir législatif est constitué par l’accord du souverain et des deux chambres. Aux époques d’ordre moral et de prospérité, il n’a guère qu’à constater le jeu régulier des mœurs et des institutions, sous la bienfaisante influence de la coutume ; et alors la fonction essentielle du Parlement se réduit à contrôler la conduite des gouvernants, à déterminer la composition de l’armée et à fixer la quotité des divers impôts. Aux époques de décadence, quand le corps électoral conserve la notion du bien, le Parlement a, au contraire, pour principale fonction de réagir, à l’aide de la loi écrite, contre les déviations de la Coutume, l’aberra-