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humain. Le premier parti conserve avec prédilection les traditions du bien, alors même qu’elles sont entachées de quelques abus. Le second se dévoue de préférence à la recherche du mieux. Les conservateurs et les novateurs s’accordent, en ce qui touche les principes essentiels aux sociétés, sur la distinction du bien et du mal (Ch. 1er) ; ils professent également que le règne du bien doit se fonder, non sur la violence, mais sur le concours pacifique de l’opinion ; et ils ne diffèrent, en général, que sur le choix ou l’opportunité des moyens. L’émulation salutaire qui anime les orateurs, les écrivains et les hommes d’action du vrai régime représentatif dérive uniquement de ces différences d’appréciation. Elle attribue alternativement la suprématie à l’un des partis, dès que la corruption, l’indolence ou l’esprit de vertige qui résulte fatalement de l’exercice du pouvoir ont frappé l’autre parti d’un discrédit momentané. Les sentiments et les intérêts qui animent et parfois égarent la nation, se manifestent habituellement dans la chambre des représentants, et ils impriment aux affaires une direction, tantôt irrésistible, tantôt tempérée par les deux autres pouvoirs. Selon les événements qui surviennent ou les questions qui s’agitent, chacune des deux chambres représente plus ou moins l’esprit de tradition ou