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dîme sur les contribuables de toute croyance. Dans le bas Canada, les catholiques de race française continuent à jouir de ce même régime de liberté dont ils ont donné l’exemple à ceux qui furent leurs conquérants et parfois leurs oppresseurs. Grâce au prosélytisme vigilant qui leur a été successivement inculqué par la persécution et par la liberté, ils ont victorieusement défendu leur ancien territoire contre la colonisation des protestants. Les mêmes sentiments prévalent de plus en plus dans les régions colonisées par les presbytériens. Ainsi, dans la confédération entière (§ 70), les croyants jouissent des satisfactions que donne l’unité de foi, sans être privés de l’émulation qu’assure le voisinage des autres cultes, sans être tentés d’ailleurs de suivre les exemples d’un autre âge et de persécuter leurs rivaux.

Les devoirs spéciaux de l’État sont ceux qui ne sauraient être convenablement accomplis ni par le gouvernement local ni par les particuliers[1]. Ils ont surtout pour objet l’organisation de la souveraineté et des services qui en transmettent l’action aux diverses parties du corps social. Les institutions qui pourvoient à ce double besoin varient selon l’étendue des territoires. Chez les très-petites nations, les

  1. La Réforme sociale, t. III, p. 465.