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individuels, il a déjà provoqué une décadence dans la culture des sciences et des lettres. Ce fait peut être encore masqué par des déclarations officielles et par un patriotisme peu judicieux ; mais il apparaît avec évidence pour peu que l’on compare la situation actuelle avec celle qui existait, il y a un siècle, quand l’académie de Berlin se fondait sous la direction de savants français. L’atteinte portée à notre nationalité est déjà profonde : on n’y remédiera que par le retour à la liberté ; à ce seul point de vue, la restauration de la vie provinciale et de la liberté testamentaire (§ 45) serait encore une impérieuse nécessité de la réforme[1].

Le gouvernement provincial est confié à un haut fonctionnaire choisi par le souverain. Le gouverneur, quand il remplit sa mission, met le plus possible à la portée des populations les bienfaits qui émanent de la souveraineté. Il établit en outre des liens permanents entre le

  1. C’est surtout pour le personnel de l’Université qu’il faut reproduire la remarque déjà faite pour les magistrats, les fonctionnaires et les officiers ministériels (§ 54). La réforme ne devrait pas nuire aux situations acquises : elle les améliorerait pour la plupart ; elle y retiendrait par conséquent les célébrités qui, chez nous, abandonnent la science pour les fonctions mieux rétribuées de l’administration ou de la politique. La science est mieux dotée par le testament (§ 46) sous le régime de liberté que par le budget sous le monopole de l’État. Dans la petite ville de Boston (États-Unis), les établissements de haut enseignement ont reçu récemment, dans un laps de temps de 15 années, une somme de 10, 200, 000 fr. (La Réforme sociale, t. II, p. 246.)