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élevé très-haut la renommée des Arabes d’Asie, d’Afrique et d’Espagne ; elle conserve depuis le moyen âge la supériorité aux Européens de l’Occident. Du XIe au XIIIe siècle, les établissements scientifiques et littéraires se créèrent de toutes parts, avec les communes urbaines (§ 14). Peu à peu, dans chaque région, certains établissements conquirent la renommée et se concilièrent la confiance des familles. Partout cette prépondérance se constitua sous un régime de complète liberté, grâce à la sollicitude des Autorités sociales (§ 5), à la supériorité des maîtres indigènes, au dévouement des maîtres étrangers appelés à grands frais[1], aux dons et legs conférés par la sympathie des familles riches de la province ou par la reconnaissance des élèves parvenus à de hautes situations, enfin au souverain qui consacrait par une charte le succès des grands établissements et leur imprimait le caractère d’une institution publique. Mais ces chartes de l’ancien régime européen, respectées jusqu’à ce jour par les peuples prospères, excluaient le monopole : elles organisaient la concurrence au sein de chaque

  1. Au moyen âge, cet apostolat scientifique et littéraire était singulièrement favorisé par l’unité du langage. Vers le milieu du XIIIe siècle, Albert le Grand, le maître de saint Thomas d’Aquin, professa successivement à Paris, à Pesth en Hongrie et à Cologne. Partout il était suivi par un groupe de disciples et d’auxiliaires dévoués.