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corps d’armée aux huit circonscriptions provinciales[1]. Les motifs de cette organisation sont frappants, et ils viennent d’être d’ailleurs justifiés par le succès. Les chiffres de population qui donnent une ampleur suffisante à la vie provinciale sont également ceux qui suffisent au recrutement d’un bon corps d’armée. En temps de paix, les charges du trésor public et celles des particuliers sont réduites à leurs moindres limites : car les officiers et les soldats peuvent concilier de fréquents séjours au foyer domestique avec l’apprentissage, donné à peu de distance, aux chefs-lieux du bataillon ou du régiment, et avec la participation aux manœuvres des camps d’instruction. Lorsque la guerre éclate, le corps entier se réunit, dans des conditions connues de chacun, avec la moindre dépense de temps et d’argent. Les corps d’armée provinciaux offrent en outre

  1. Un neuvième corps, celui de la garde royale, a une organisation spéciale et se recrute dans toutes les provinces. Ce corps donne lieu à des dépenses relativement élevées ; mais l’organisation provinciale des huit autres corps est si économique que l’armée de 1866, qui comptait un effectif de 200,000 hommes en temps de paix et put être alors portée à 600,000 hommes, ne coûtait annuellement que 145 millions de francs. Au début de mes excursions en Prusse, j’ai été fort étonné d’apprendre, par la lecture des poteaux indicateurs placés méthodiquement sur les moindres chemins, que les divisions provinciales (communes, cercles, régences), sont en correspondance complète avec les compagnies, les bataillons et les régiments de la landwehr.