Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/443

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’immoralité : ils ne sauraient être réprimés ; car les inconvénients d’une justice trop lointaine l’emportent sur les avantages de la réparation[1]. Aucune autorité locale ne peut améliorer la maison commune ou le chemin qui y conduit sans une tutelle de l’État qui est à la fois onéreuse et décourageante. Les citoyens indépendants recherchent de moins en moins ces fonctions. Ceux qui les exercent tendent, au contraire, à exagérer leurs pouvoirs. Ils sont encouragés dans ces empiétements par une législation qui les protège contre les réclamations du public (§ 54, n. 4). Ils sont même contraints d’entrer dans cette voie par la loi de leur institution. En même temps qu’elle leur interdit de régler librement leurs propres affaires, cette loi leur enjoint, en effet, d’intervenir par une multitude d’avis dans les affaires relevant des autres pouvoirs.

Cette dernière pratique n’est pas seulement contraire à l’expérience des peuples prospères : elle est condamnée par la raison et par les dispositions naturelles du cœur humain. Il est peu judicieux de demander avis sur la gestion d’un

  1. Dans le cours de ses travaux agricoles, mon fils Albert Le Play a fait une étude journalière des maux qui résultent, en Limousin, du maraudage et du braconnage. Il en a donné un précis dans le journal la France, du 1er février 1869. Les journaux du Limousin ont reproduit ce travail et en ont constaté l’exactitude.