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milieu à garder entre la soumission passive et la révolte. Tant que ces mœurs subsisteront, les hommes dévoués à la réforme n’auront guère qu’un moyen de préparer un meilleur avenir : insister sur le profond contraste qui existe, touchant le gouvernement local et ses résultats, entre les pays étrangers et la France.

Nos principaux émules trouvent dans leur régime plusieurs avantages précieux. Les particuliers, même dans les résidences les plus isolées, voient réprimer et punir sans délai les moindres offenses contre les personnes et les propriétés. Les diverses autorités de la hiérarchie départementale gouvernent en toute souveraineté les intérêts des campagnes, nettement séparés de ceux des villes. Les autorités rurales ou urbaines montrent d’ailleurs, dans l’exercice de leurs fonctions, la vive sollicitude et la prudente réserve qui se développent à la fois, chez les gouvernants, avec la réalité du pouvoir et la responsabilité qui en dérive. Elles n’ont garde, par conséquent, de compromettre cette responsabilité en sortant du domaine que leur assigne la Coutume ou la loi : sous ce rapport, aucune d’elles ne porte ombrage ni à la province ni à l’État.

En France règne l’ordre de choses opposé. Les délits de maraudage sont devenus la plaie permanente de la propriété rurale et l’école de