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mises dans l’impossibilité de sauvegarder leur liberté par leur union. Même dans les temps de calme, les campagnes ont perdu toute indépendance devant la prépondérance naturelle des villes, et les usurpations factices de l’État.

Je ne sais si la réforme de ce triste état de choses, tant de fois réclamée par l’Empereur[1], s’accomplira sous son règne. Les fonctionnaires, intéressés à proclamer l’incapacité irrémédiable des localités à se gouverner elles-mêmes, ont eu jusqu’à présent, en ces matières, une influence irrésistible, et il en sera de même aussi longtemps que nous n’aurons pas trouvé le

    gouvernements à priver Paris et Lyon des libertés acquises à toutes les villes du monde, sous les régimes les plus divers. En présence des sentiments antisociaux qui se manifestent maintenant, le même régime de contrainte s’étendra fatalement à toutes les agglomérations urbaines, si la réforme ne vient pas nous arrêter sur cette pente dangereuse.

  1. « Monsieur le Président du Conseil d’État, notre système de centralisation, malgré ses avantages, a eu le grave inconvénient d’amener un excès de réglementation. Nous avons déjà cherché, vous le savez, à y remédier ; néanmoins il reste encore beaucoup à faire. Autrefois, le contrôle incessant de « l’administration sur une foule de choses avait peut-être sa raison d’être, mais aujourd’hui ce n’est qu’une entrave. Comment comprendre, en effet, que telle affaire communale, par exemple, d’une importance secondaire et ne soulevant d’ailleurs aucune objection, exige une instruction de deux années au moins, grâce à l’intervention obligée de onze autorités différentes ? Dans certains cas, les entreprises industrielles éprouvent tout autant de retard. Plus je songe à cette situation, et plus je suis convaincu de l’urgence d’une réforme. Mais… » (Lettre de Napoléon iii, du 24 juin 1863.)