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au mépris des droits réservés par les actes d’union[1] ; et elle a ainsi brisé les formes qui, sous l’ancien régime en décadence, conservaient aux localités un reste d’autonomie. Elle a achevé l’œuvre de destruction en jetant dans le même moule communal deux éléments absolument dissemblables : les grandes cités, assez riches et assez éclairées pour constituer des États ; les paroisses rurales, qui ne peuvent fonder que sur des unions les bases de leur vie locale. Enfin, la France révolutionnaire a fait entrer au même titre ces êtres si différents dans l’unité départementale, et elle s’est flattée de créer un ensemble harmonieux en les dominant tous à l’aide des fonctionnaires délégués par le pouvoir central. Mais ce régime sans précédents n’a jamais répondu à l’attente de ses fondateurs ; car il ne s’est concilié ni avec l’ordre public ni avec l’équité. Dans les temps de trouble, les grandes villes ont secoué toute autorité[2], et elles ont opprimé les campagnes,

  1. Les sentiments qui se manifestent sous nos yeux indiquent que la révolution, en adoptant cette mesure, n’a point atteint le but qui en fut le prétexte : elle n’a point resserré le lien national. Le gouvernement anglais a suivi, à l’égard de l’Écosse, le système opposé : malgré les insurrections de 1715 et de 1745, il a toujours respecté l’autonomie réservée par l’acte d’union de 1707 (la Réforme sociale, t. III, p. 156) ; et aujourd’hui, dans les questions internationales, l’Écosse est devenue plus britannique que l’Angleterre elle-même.
  2. Ces usurpations urbaines, conséquences d’un faux système, ont déjà conduit nos