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que sous le régime des habitations disséminées, à se corrompre et à adopter les habitudes de communauté. Elles oublient alors facilement que le premier motif qui oblige les familles à s’associer est le devoir d’adorer Dieu. Dans les institutions, comme dans les mœurs, la vie communale tend à étouffer la vie paroissiale[1].

La France, en instituant après la révolution de 1789 un nouveau gouvernement local, s’est complétement éloignée des modèles dont je signale ici les traits principaux. Elle a rompu à la fois avec la tradition de ses époques de prospérité et avec la coutume des peuples les plus prospères. Elle a démembré ses provinces,

  1. Les notabilités les plus sinistres de la Terreur, et celles qui ont le plus contribué à nous transmettre, en les aggravant, les mauvaises pratiques de tyrannie et de centralisation de l’ancien régime en décadence (§ 17), provenaient en général des villes et des régions à domaines morcelés. Pour mieux étudier cette triste organisation, j’ai acquis en Champagne une propriété dans le pays natal du conventionnel Danton. (Voir quelques traits de ce régime agricole dans les Ouvriers européens, p. 241.) La vraie pâture y repousse toute amélioration de la culture, et le christianisme y est oublié à ce point que le prêtre chargé de la direction spirituelle de quatre anciennes paroisses, n’exerce en fait qu’une sinécure. La réforme sociale de ces vastes plaines exigerait deux séries de mesures : restaurer, à l’aide de la loi morale, les vraies notions de la famille et de la propriété ; donner aux majorités, selon le mécanisme de certaines lois allemandes, la liberté de se soustraire à ce régime et de reconstituer des domaines agglomérés (46). Voir la Réforme sociale, t. II, p. 60 et 84.