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Certaines campagnes, alors même qu’elles sont nettement séparées des grandes villes, se composent de populations agglomérées qui se sont constituées sous diverses influences. Au premier rang de celles-ci figurent : la haute estime accordée aux villes par les premiers législateurs de la race[1] ; l’admiration conçue, par une race nomade ou rurale, pour les villes d’un peuple voisin[2] ; l’obligation où se trouvent encore certains agriculteurs de se grouper en villages pour échapper à un brigandage intérieur[3] ou aux incursions de l’ennemi sur un pays frontière[4] ; enfin la déplorable coutume des domaines morcelés avec habitations groupées en villages (§ 46), qui, au milieu d’une sécurité complète, conserve sans espoir d’amélioration l’antique assolement triennal et la vaine pâture[5]. Dans les campagnes ainsi constituées, l’agriculture est grevée de longs transports et mal pourvue d’engrais. Les familles, trop agglomérées, tendent, plus

  1. Exemple, les anciens législateurs de la Grèce et de l’Italie.
  2. Les Gaulois, après leurs expéditions en Grèce et en Italie (§ 13).
  3. Aujourd’hui encore, dans plusieurs districts méridionaux de l’Espagne et de l’Italie, personne n’oserait créer une habitation en dehors des villages.
  4. La plupart des villages de la Lorraine ont été fondés sous cette influence. Il en a été de même pour beaucoup de bourgades des townships de la Nouvelle-Angleterre, créées par des colons qui redoutaient les attaques des Indiens.
  5. Les Ouvriers européens, p. 229, 241. — La Réforme sociale, t. II, p. 65.