Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/426

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les affaires du gouvernement. Dans la vie privée, comme dans la vie publique, chaque autorité ne concourt sûrement au bien général qu’en restant dans le domaine qui lui est propre (§ 68).

Selon la pratique universelle des peuples libres et prospères, les gouvernants exercent le contrôle des corporations perpétuelles ; et c’est précisément pour remplir ce devoir qu’ils restent étrangers à la direction. Celle-ci appartient toujours aux particuliers. L’aptitude à conduire la famille et l’atelier est le meilleur titre au suffrage des contribuables ou des patrons, qui choisissent les dignitaires de leur corporation. Ces petits groupes sociaux sont la véritable école du gouvernement local ; et celui-ci, à son tour, est la pépinière où se forment les notabilités qui prennent part à la direction de la province et de l’État[1].

  1. Le congrès de la presse provinciale, tenu à Lyon du 8 au 11 septembre 1869, vient de montrer comment la France, désolée par l’antagonisme social, la bureaucratie et l’excès de la centralisation, pourra réorganiser pacifiquement la vie privée. Chaque délégué, réagissant autant que possible contre l’esprit de parti, s’est attaché loyalement à représenter l’opinion dominante des Autorités sociales qui forment la plus saine partie de sa clientèle. Le congrès a pu ainsi formuler plusieurs déclarations qui se compléteront dans un nouveau rapprochement des partis politiques, mais qui, dès à présent, recevront de nombreuses adhésions. Selon la pente habituelle de l’esprit français, ces déclarations réclament surtout le changement du mécanisme de la constitution (§ 61, n. 2) ; mais elles commencent