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la connaissance de la langue maternelle ; elle est surtout nécessaire pour conserver la pratique du Décalogue dans les rapports sociaux de chaque jour. Elle s’est conservée avec les caractères les plus féconds chez les catholiques du Canada et des États-Unis, qui ont été pendant longtemps opprimés par les pouvoirs publics ; elle a été souvent désorganisée, en Europe, par la corruption des clercs, le mauvais exemple des monarchies absolues et les aberrations des sceptiques. Mais l’union des efforts dans la paroisse, en présence du scepticisme scientifique, redevient pour les sociétés, comme aux temps de la primitive Église, une impérieuse condition de prospérité. Cette vérité reste inaperçue en France ; mais elle commence à être comprise des catholiques allemands[1], chez lesquels l’esprit d’initiative a été moins complétement étouffé, depuis deux siècles, par l’absolu-

  1. « Les maux sociaux de notre temps font paraître plus que jamais nécessaire que tous les fidèles, s’unissant avec leurs pasteurs, participent à la vie de l’Église et déploient toute la plénitude de l’action chrétienne. Lorsque, dans une situation analogue, l’ancienne Église vainquit jadis le monde païen, le lien qui unissait la communauté était si étroit, si ferme, que dans l’élection de l’évêque on écoutait la voix du peuple. Le rétablissement de cette institution dépendra d’une entente amiable entre l’Église et l’État. Mais, dès à présent, une participation plus générale des laïques à la vie chrétienne et sociale de la paroisse nous semble très-désirable. » (Adresse à l’évêque de Trèves, déjà citée, § 41, n. 8.)