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famille patriarcale d’agriculteurs[1], des essaims d’hommes craignant Dieu, rompus au travail, sachant commander et obéir[2]. La possession du foyer domestique (§ 24) est le trait de la vie privée qui décèle le mieux l’existence des qualités morales nécessaires à tous les peuples. Sous plusieurs régimes excellents, les familles n’ont pas le droit de choisir leur souverain ; sous les meilleures organisations du travail, elles ne possèdent pas toujours l’atelier ; mais elles sont toutes propriétaires de leur foyer.

La plupart des ateliers de travail ont été dans le passé, et restent encore aujourd’hui une simple dépendance du foyer domestique. La paix s’y maintient aisément, comme dans la famille elle-même, pourvu que celle-ci se rattache à l’un ou à l’autre des deux régimes qui engendrent la stabilité (§ 6). Les paysans qui cultivent leurs petits domaines agglomérés (§ 46), et une multitude d’artisans propriétaires de leur foyer, de leur atelier et de quelques dépendances rurales, offrent dans toute l’Europe d’excellents modèles. Les grands ateliers ruraux

  1. Genèse, x,1 et 5.
  2. Sous les deux régimes de la famille stable (§ 6), chaque chef de famille, avant de diriger la communauté, a été lui-même longtemps dirigé par son père. Cet apprentissage de la vie, qui conserve la Coutume chez les peuples prospères, est une des origines de la liberté et de l’ordre public.