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§ 67

LES MODÈLES DE LA VIE PRIVÉE DANS LA FAMILLE, L’ATELIER, LA PAROISSE ET LA CORPORATION.

L’indépendance devant les pouvoirs publics féconde singulièrement la vie privée, et ce bienfait se manifeste surtout dans la famille. Le père, secondé par le haut ministère de sa femme et la collaboration de son héritier-associé (§ 6), gouverne souverainement son foyer et son atelier ; il se livre en toute liberté aux entreprises qui ne blessent ni la liberté des autres familles, ni les intérêts généraux de la société. Chez les peuples prospères, la famille constitue la vraie unité sociale ; car elle se suffit à elle-même, et elle offre tous les éléments essentiels aux nationalités les plus puissantes. Mieux que tout autre groupe social, elle voit dans le respect de Dieu la source de toute prospérité. Elle a pour principe la liberté testamentaire (§ 44), pour chefs naturels les deux époux, pour capitale le foyer domestique, pour territoire le domaine aggloméré (§ 46), et pour constitution la famille-souche (§ 6). Une famille-souche d’agriculteurs, survivant seule à un grand cataclysme, régénèrerait bientôt des nations prospères ; car, tout en se perpétuant elle-même, elle enverrait dans toutes les directions, comme le fit autrefois une