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avec l’agglomération des familles, l’accroissement des villes et l’agrandissement des nations. Cette difficulté devient presque insurmontable quand la corruption se développe au milieu des richesses, parmi les clercs orthodoxes protégés par le bras séculier contre la concurrence des dissidents. Enfin la guerre civile devient imminente lorsque les gouvernants, cédant eux-mêmes à la corruption et à l’orgueil, empiètent à la fois, à l’extérieur sur l’indépendance des peuples voisins, à l’intérieur sur l’autonomie des provinces, des localités rurales ou urbaines et des foyers domestiques.

Telles sont les causes qui ont amené en France tant de révolutions et de vicissitudes (§§ 15 et 17). Mais, au milieu de cette diversité de systèmes sociaux, tous nos gouvernements ont continué l’œuvre des Valois en ce qui touche les libertés civiles et les autonomies locales. Ils ont tout détruit avec un aveuglement qui est pour les autres peuples un sujet d’étonnement et de blâme. En faisant peser exclusivement sur le souverain et ses fonctionnaires la responsabilité de la paix publique, la France a créé un régime sans précédents ; mais elle n’a, en fait, organisé que le retour périodique des révolutions et des guerres civiles.

Les peuples qui ont conservé les bienfaits de la paix intérieure ont suivi la voie opposée : ils