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ticisme qui les menace, dans la situation où les diverses nations chrétiennes du moyen âge se trouvaient devant l’Islam. Depuis quatre siècles, les grands États de l’Occident n’ont pu conserver la prospérité que sous le régime de liberté religieuse : car c’est seulement sous ce régime que les gouvernants et les clercs ont pu résister aux dangereuses épreuves de la puissance et de la richesse. Cependant la nécessité de ce régime n’est pas encore reconnue par tous les croyants. En France surtout, certains catholiques continuent à réclamer, pour les institutions religieuses, le régime de contrainte qui a généralement prévalu, depuis deux siècles, dans les institutions civiles (§ 41). Mais cette erreur est de plus en plus réfutée par deux faits qui, dès à présent, me paraissent être sans réplique : l’impuissance du régime de contrainte à conserver les croyances dans cet état des sociétés ; l’aptitude des croyants, sous le régime de liberté, à repousser l’invasion du scepticisme social et scientifique (§ 39).

En résumé, dans toutes les organisations sociales comprises entre les formes les plus parfaites de la vie nomade et les formes les plus compliquées de la vie sédentaire, les peuples ne prospèrent qu’avec le respect de Dieu. Mais, tout en s’appuyant sur les mêmes principes, les institutions religieuses varient selon la con-