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en fait, aussi indépendants que les Suisses relevant du gouvernement fédéral. Comme ces derniers, ils doivent l’autonomie dont ils jouissent à la conservation de leurs croyances religieuses, à l’amour de leurs coutumes, et au courage indomptable avec lequel ils ont toujours défendu leurs libertés locales contre les empiétements du dehors.

Les conditions naturelles et les organisations sociales des provinces basques et des cantons suisses se retrouvent encore çà et là dans quelques localités de moindre étendue ; partout ailleurs, dans l’Occident, elles se sont profondément modifiées depuis le XIIIe siècle. L’agriculture, en se substituant à la culture pastorale, a augmenté les contacts entre les familles et affaibli le régime patriarcal (§ 6) ; les agglomérations manufacturières et commerciales se sont multipliées au milieu des campagnes ; les villes se sont agrandies outre mesure, sous l’influence des gouvernants détachés de leurs anciens établissements ruraux (§ 14). Les clercs se sont souvent corrompus et ont cessé de soutenir l’ordre moral. Les souverains, violant la coutume, ont détruit les autonomies provinciales et locales, et ils ont ruiné l’ancienne société en substituant l’action des légistes et des fonctionnaires à celle des Autorités sociales et des pères de famille. En France particulièrement, la cor-