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sans cesse les jeunes générations[1], soit de la richesse que la prospérité accroît de plus en plus, au grand danger de l’ordre moral[2]. Cet heureux accord se montre rarement dans l’histoire : il s’est cependant produit, de loin en loin, depuis les premiers âges de l’humanité, sous l’influence de deux régimes sociaux qui se proposent le même but, mais qui l’atteignent par des voies différentes.

Sous le premier régime, la souveraineté réside exclusivement dans un monarque ou dans un petit nombre d’hommes. La loi religieuse et la loi civile ont également pour sanction la force publique. Selon la doctrine adoptée avec les formes les plus absolues de ce régime, le souverain a reçu de Dieu à la fois et le dépôt de toute autorité, et l’obligation de donner en toutes choses l’exemple du bien. Ce privilège et ce devoir sont également réunis chez les gouvernants auxquels le souverain délègue le pouvoir ; en sorte que la mission de ceux-ci consiste surtout à réprimer toutes les manifestations du mal dans l’État et la province (§ 69). Les Autorités sociales (§ 5) ont un profond respect pour

  1. La folie est liée au cœur de l’enfant, et la verge de la discipline l’en chassera. (Proverbes, xxii, 15.)
  2. Je vous le dis encore une fois, il est plus facile qu’un câble passe par le trou d’une aiguille qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume des cieux. (Matthieu, xix, 24.)