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au gouvernement de la nation. Aux mauvaises époques, la corruption règne parmi les deux catégories de gouvernants : mais les croyances, plus fermes qu’éclairées, se maintiennent au sein des populations, sous un régime de contrainte qui conserve la tradition, punit le scepticisme et repousse les dissidents.

En Turquie, toutes les institutions dérivent également de la loi divine. Celle-ci réside dans un livre, le Koran, non dans une Église. Le ministre du culte n’est que le lecteur du livre saint. Dieu est, à vrai dire, la seule autorité religieuse. Le conseil des Ulémas n’est qu’un corps de docteurs, ayant mission d’interpréter la loi. Le souverain a le devoir de faire observer la loi ainsi interprétée ; et c’est à ce titre qu’il exerce le pouvoir absolu. Dans l’esprit de l’ancienne constitution des Turcs, la foi est la qualité distinctive du citoyen. Tous ceux qui croient sont égaux devant Dieu, et sur la terre le souverain n’est que le chef des croyants. La foi reste très-ferme chez tous ceux qui ne sont point corrompus par l’exercice du pouvoir ou par le contact des étrangers. Quatre causes principales ont jusqu’à ce jour assuré ce bienfait aux peuples de l’Islam : le Koran donne aux esprits les plus simples une notion nette sur les devoirs journaliers envers Dieu, sur l’importance de la vie future et sur la vanité des biens de ce monde ;