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§ 65

LES INSTITUTIONS RELIGIEUSES QUI CONSERVENT LE MIEUX LE RESPECT DE DIEU.

Les peuples sédentaires ne possèdent point les avantages naturels qui rendent facile aux nomades la conservation des bonnes mœurs. Toutefois ils veulent, comme ces derniers, résister à la corruption ; et ils prétendent, en outre, s’élever au-dessus d’eux dans l’ordre intellectuel aussi bien que dans l’ordre moral. Dans ce but, ils ont toujours organisé un culte public, sous la direction d’un clergé. Dans la civilisation européenne, l’observation comparée nous montre les peuples soumis à Dieu, sous des régimes fort différents. Ces régimes forment les traits dominants de la constitution de ces peuples, et ils correspondent à des diversités profondes dans les institutions et dans les mœurs.

Dans l’État romain et en Russie, la religion est le point de départ des institutions. L’Église et l’État se sont confondus, avec des circonstances fort différentes, dans la personne du souverain : à Rome, le pontife a été doté par la reconnaissance des peuples d’une souveraineté temporelle ; à Moscou, le souverain temporel s’est attribué le pontificat. Dans les deux États, le prêtre, comme le fonctionnaire civil, concourt