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clergé[1]. Sous ce régime le chef de famille gouverne, sans l’intervention d’aucun autre pouvoir, ses enfants et ses serviteurs. Tous les hommes adultes de cette communauté, rompus dès l’enfance au maniement des armes et à l’exercice du cheval, pourvoient aisément à leur propre sécurité. Pour assurer plus complétement la police locale, plusieurs familles voisines se concertent au besoin. La justice et la force se trouvent ainsi répandues, avec les familles mêmes, sur la surface entière de la steppe. Dans ces conditions, la paix publique se conserve spontanément, sans qu’il soit nécessaire de recourir à l’autorité du souverain ou du chef de tribu qui le représente. Les meilleurs types de cette organisation sociale se trouvent au midi de l’Altaï, loin de tout contact avec les civilisés sédentaires : dans ces conditions, ils ont conservé la plupart des coutumes que la Bible signale dans la vie d’Abraham, d’Isaac et de Jacob[2].

  1. Cependant le culte domestique est complété par les pèlerinages. Les nomades de l’Ouest se rendent à la Mecque ; ceux du centre et de l’Est, aux monastères du Thibet ou du pays des Khalkhas.
  2. L’Église catholique, depuis sa fondation, rend hommage à l’admirable organisation de la famille chez les patriarches nomades. Toutes les formules de mariage s’y réfèrent. Dans la plus simple de ces formules, le prêtre qui maria les deux fiancés dit : « Que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob vous unisse, et qu’il étende sur vous sa bénédiction. » (Voir l’ouvrage de dom Martène ayant pour titre : De antiquis Ecclesiœ Ritibus.)