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des deux mondes[1], les dangers d’une agglomération exagérée.

Les localités où les nomades ont donné les plus beaux exemples, dès les premiers âges de l’histoire, sont les steppes[2] qui traversent toute l’Asie, depuis les rivages du grand Océan boréal jusqu’à ceux de la Méditerranée et de la mer Rouge. Plusieurs de ces steppes, grâce à la fertilité de leurs pâturages, nourrissent de nombreux troupeaux et créent l’abondance sans exiger de l’homme un dur travail. D’un autre côté, l’éloignement des grandes voies commerciales y conjure l’accumulation des richesses et le développement des vices qui en émanent (§ 9). Dans les hiérarchies fondées en ces ré-

  1. La Réforme sociale, t. II, p. 161 et 454.
  2. J’ai observé personnellement, en 1837, en 1844 et en 1853, le nord-ouest de la steppe d’Asie, ainsi que le vaste appendice de cette région qui s’étend en Europe entre l’Oural et la mer Noire, par le pays des Bachkirs, des Kalmouks, des Cosaques du Don et des Tartares nogais. J’ai obtenu de mon ami M. Vlangaly, ministre plénipotentiaire de la Russie en Chine, de précieux détails observés par lui-même, sur les pasteurs de la steppe centrale, nommés par les Russes de l’Altaï Dvoedantzi, parce qu’ils paient deux tributs (à la Russie et à la Chine). Enfin l’ouvrage de M. l’abbé Huc offre l’exposé de faits observés chez les pasteurs de l’Est et du Midi. L’étude approfondie de la grande steppe d’Asie est celle qui importerait le plus aujourd’hui au progrès de la science sociale et de l’histoire naturelle. — Le lecteur pourra consulter, sur la constitution physique des steppes, la Description des terrains carbonifères du Donetz, par M. F. Le Play, 1 vol. in-8o, Paris, 1842 ; sur les mœurs des nomades, Voyage dans la Tartarie, par M. l’abbé Huc, 2 vol. in-8o, Paris, 1853.