Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/403

Cette page a été validée par deux contributeurs.

offrir le meilleur accord entre la vie privée et la vie publique.

Ces localités ont toutes certains caractères communs. Partout la prospérité provient des hommes soumis à Dieu : elle a ses principales sources chez le père dévoué à sa famille et chez le patron aimé de ses ouvriers ; elle devient complète quand le magistrat et le prêtre ont au même degré l’esprit de devoir et l’amour du peuple. Mais ce dernier cas est relativement rare. Aux diverses époques de l’histoire (§§ 13 et 15), comme dans l’ère actuelle (§ 17), on a vu souvent les classes dirigeantes et les gouvernants tarir, par leurs vices et leur égoïsme, les sources du bien qui tend à jaillir du foyer domestique et de l’atelier de travail. D’un autre côté, les foyers et les ateliers ne sont pas toujours eux-mêmes exempts de mal. En s’accumulant en certains lieux, et en formant des villes pour les besoins du commerce ou les jouissances du luxe, ils sont exposés, par leur contiguïté même, à une foule de conflits. Si le progrès de l’ordre moral ne correspond pas au développement des influences corruptrices émanant du rapprochement des familles et de l’accroissement des richesses, ces conflits se multiplient. L’ordre social devient bientôt impossible, à moins que les gouvernants n’aient le pouvoir de maintenir par la force la paix publique. Ainsi, les familles