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et à nos erreurs. Si l’on compare les préoccupations de notre époque à celles qui régnaient il y a un demi-siècle, on constatera aisément que la France n’a pas fait un pas dans la voie des vraies réformes[1].

Cependant mes concitoyens ne renonceront pas aisément à leur préoccupation dominante : ils ne se dévoueront pas aux réformes de la vie privée si on ne leur prouve qu’elles entraîneront, comme conséquence directe, les réformes de la vie publique. Malgré la spécialité du sujet traité dans cet ouvrage, je me trouve donc conduit à indiquer les rapports intimes qui existent entre la meilleure organisation du foyer et de l’atelier et celle des pouvoirs publics. À cet effet, je rappellerai d’abord la méthode à l’aide de laquelle les gens de bien parviendront à s’entendre sur les principes d’une bonne constitution sociale. L’importance exagérée attribuée, chez nous, aux formes du gouvernement réclame

  1. À une époque où la chambre des députés retouchait, comme on le fait aujourd’hui, les principaux textes de la constitution, un grand penseur, membre de cette assemblée, écrivait : « Nous allons délibérer sur la liberté de la presse, le concordat, la loi du recrutement et l’instruction publique. Concevez-vous une nation qui se recommence ainsi, comme si elle sortait de ses forêts, et chez qui tant d’hommes, sans connaissances préalables, viennent disserter sur ces grands objets qui rempliraient tant de bibliothèques et ont occupé tant de grands esprits ? » (De Bonald, Lettre du 2 décembre 1817.)