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trois pouvoirs de nos gouvernements européens (§ 69) étaient représentés. Un gouverneur présidait, avec le droit de veto, à la promulgation des lois, à l’administration de la justice, à la défense du sol et au maintien de la paix publique. Un conseil de notables, choisi par le roi dans la classe dirigeante de la colonie, assistait et contrôlait le gouverneur, remplissait à la fois les fonctions d’un conseil privé et d’un sénat. Enfin une chambre de représentants, élue selon des coutumes propres à chaque localité, faisait, de concert avec le conseil, les lois nécessaires à la colonie. Des hiérarchies locales s’étaient fortement constituées selon les mœurs des populations, et elles offraient des nuances encore plus tranchées que celles qui subsistent de nos jours en Europe. Au midi, de grands propriétaires résidents, servis par des esclaves de la race noire, constituaient une classe dirigeante plus exclusive que les démocraties de l’ancienne Grèce ou la noblesse

    veraineté, à un grand propriétaire : tels étaient le gouvernement du Maryland, sous les descendants de lord Baltimore ; les gouvernements de la Pensylvanie et du Delaware, sous les descendants de Penn. Sous le second régime, le territoire avait été concédé à une corporation, en vertu d’une charte qui conférait également des droits de souveraineté : tel était le cas du Massachusetts, du Connecticut et de Rhode-Island. Ces derniers tenaient beaucoup à leur autonomie ; et Rhode-Island, en particulier, montra contre le principe de l’Union une répugnance extrême.