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dant elle ne se montra plus féconde qu’elle ne le fut alors en certaines localités de l’Europe[1]. La liberté des individus et des familles reposait, comme dans tous les établissements de la race anglo-saxonne, sur les vieilles coutumes du moyen âge : en Amérique, comme ailleurs, elle avait dans la liberté testamentaire sa principale garantie. Les libertés du gouvernement local procuraient aux individus et aux familles le complet développement de leurs facultés : avec les mêmes fondements, elles offraient la même variété de formes qui fut détruite en France aux mêmes époques, mais qui subsiste avec tous ses bienfaits en Angleterre[2], ainsi que dans les provinces basques[3], suisses, allemandes et scandinaves. L’autonomie provinciale dont chaque colonie jouissait au sein de la monarchie anglaise, était comparable à celle que les provinces basques ont conservée par leur courage et leur persévérance, sous la monarchie espagnole. Dans les sept colonies où l’autorité royale se faisait le plus sentir[4], les

  1. La France, par exemple, fit de 1629 à 1661 une des plus fécondes applications de l’esprit de tolérance (§ 16).
  2. La Réforme sociale, t. III, p. 64 à 145.
  3. Bulletin de la Société d’économie sociale, t. II, p. 269.
  4. Pendant la guerre de l’indépendance, il existait parmi les colonies deux formes principales de gouvernement, savoir : le régime seigneurial et le régime des chartes. Sous le premier régime, le territoire à coloniser avait été concédé, avec la plupart des droits de sou-