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États-Unis (1787), les colonies anglaises de l’Amérique du Nord ont prospéré par la pratique des mêmes institutions qui, aux mêmes époques, réussissaient le mieux en Europe. Chaque colonie, exempte de tout lien direct avec les colonies voisines, formait une province autonome de la monarchie anglaise, un État presque indépendant, sous la suzeraineté du roi d’Angleterre assisté de son conseil. Au milieu d’institutions assez diverses, six traits principaux peuvent être signalés dans la constitution ancienne des treize colonies[1] qui se confédérèrent pour la conquête de leur indépendance, et constituèrent ensuite l’Union : ces traits se rapportent surtout à la religion, à la famille, au gouvernement local, à l’autonomie coloniale, à la hiérarchie sociale et au souverain.

La liberté religieuse se conciliait plus qu’ailleurs avec les fermes croyances[2] ; dans deux colonies elle s’était solidement fondée sur un sentiment vrai de tolérance[3] ; nulle part cepen-

  1. Ces colonies, énumérées suivant l’ordre de leur fondation, étaient : Virginie (1607), Massachusetts (1625), New-Hampshire (1629), Connecticut (1630), Maryland (1632), New-York (1634), Rhode-Island (1636), les deux Carolines (1662), New-Jersey (1664), Pensylvanie (1681), Delaware (1682), Géorgie (1732).
  2. A. de Tocqueville, de la Démocratie en Amérique, t. Ier, p.39.
  3. Ce sentiment fut particulièrement prononcé chez les Quakers de Pensylvanie, qui ne repoussaient que les Indiens restés dans le paganisme ; il existait surtout chez les catholiques du Maryland, qui ne repoussaient personne.