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parmi les notabilités qui vivaient sous ses yeux, Les hommes capables de gouverner l’État, de rendre la justice, de conserver la paix publique et de commander les armées.

Mais lorsqu’on rend au mot peuple le sens adopté de nos jours, le gouvernement des anciens Grecs se réduisait réellement, selon la définition même de Montesquieu, à une aristocratie plus exclusive que toutes celles qui ont existé en Europe depuis des siècles. Les législateurs qu’improvisa la révolution de 1789 commirent donc une grave méprise lorsque, demandant un idéal à leurs souvenirs littéraires, ils crurent trouver chez les anciens Grecs les types de la liberté et de l’égalité. En cherchant leurs modèles à vingt-deux siècles en arrière, au lieu d’imiter les meilleures constitutions de leur temps, ils s’écartèrent complètement du but qu’ils prétendaient atteindre. Le régime électoral, d’où sortirent les États généraux de 1789, bien que vicié par cinq siècles de corruption (§§ 15 à 17), était lui-même plus conforme que ceux de l’ancienne Grèce aux pratiques d’un bon gouvernement populaire. D’un autre côté, en conférant à tous les individus répartis dans les nombreuses villes et les vastes campagnes d’un grand empire[1] un large droit d’inter-

  1. Montesquieu, parlant des institutions qui ont fait prospérer les anciens Grecs, déclare expressément qu’elles ne conve-