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philosophie apparaît souvent chez les écrivains du temps, et parfois même dans les écrits d’un même auteur[1]. Enfin la classe inférieure, comprenant la majeure partie de la population[2], attachée aux deux classes précédentes par les liens d’une domesticité forcée, fournissait le personnel du service intérieur des maisons et la main-d’œuvre nécessaire à l’agriculture, aux industries urbaines et à la navigation. Les individus de cette classe se rattachaient exclusivement à la personnalité du maître, et ils n’avaient aucun rang dans la société.

Sous un tel régime, la ville était l’État. Le peuple se composait du personnel des professions libérales, plus ou moins complété par les chefs de métier. On s’explique donc aisément qu’aux bonnes époques ce peuple, assemblé sur la place publique, choisît judicieusement[3],

  1. Tel est le cas de Xénophon. Tantôt il recommande les arts usuels : De l’Économie, chap. v et xv ; Mémoires sur Socrate, liv. II, chap. vii et viii. Tantôt, au contraire, il approuve que les gouvernements en fassent peu de cas : De l’Économie, chap. iv.
  2. Chez les Spartiates, à une époque de prospérité, sur une population de 476 mille personnes, 36 mille personnes de condition libre constituaient les 9 mille familles qui, résidant à la ville, y possédaient en fait le pouvoir dirigeant ; 120 mille autres personnes libres étaient disséminées à la campagne sur 30 mille lots de terre ; enfin 320 mille personnes, dépendant de ces deux classes, exerçaient les fonctions et les professions serviles à la ville et à la campagne. (Plutarque, Vie de Lycurgue. — H. Wallon, Histoire de l’Esclavage, chap. viii.)
  3. Montesquieu, de l’Esprit des loix, liv. II, chap. ii.