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vertus qui illustrent les sociétés prospères[1]. Cet état de choses était fréquent chez les paysans et les gentilshommes agriculteurs de Gascogne et de Normandie : il en est encore ainsi dans les provinces basques, dans beaucoup de provinces allemandes et dans les Îles Britanniques. Je connais en Angleterre une maison où dix cadets, dotés et protégés par la famille, ont tous conquis par le travail une fortune supérieure à celle de leur aîné. Richement établis dans les colonies, ils n’ont pas cependant de plus grand bonheur que de venir, avec leurs familles, célébrer les fêtes de Noël dans le foyer modeste où ils sont nés.

Tandis qu’au sein des classes riches, la famille instable ne produit guère, à chaque génération, qu’un fils souvent insoumis et dissipateur, la famille-souche, dans les mêmes conditions, donne moyennement, outre l’héritier conservateur de la tradition nationale, deux à trois fils, qui assurent aux colonies, comme à la métropole, tous les avantages dérivant d’un caractère entreprenant et d’un sage esprit d’innovation.

    à l’économie, parce qu’on le voit chez les plus grandes et les plus riches familles du royaume. Cela s’accorde avec les manières françaises ; en Angleterre l’échec serait certain, et dans toutes les classes de la société. Ne peut-on conjecturer avec de grandes chances de certitude que la nation chez laquelle cela réussit, est celle qui a le meilleur caractère ? » (A. Young, Voyages en France. Paris, 2 vol. in-12, 1869, t. Ier, p.369.)

  1. La Réforme sociale, t. Ier, p. 301, note.