Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/363

Cette page a été validée par deux contributeurs.

est une des plus utiles manifestations de l’égalité dans l’espèce humaine.

Dans l’ordre social, l’homme ne se distingue réellement de la brute et ne s’élève à la prospérité qu’en cultivant soigneusement la loi morale. Chez les peuples prospères, cette culture nécessaire est, autant que possible, donnée à tous les hommes : elle ne supprime pas l’effet des inégalités physiques et intellectuelles ; mais elle réussit du moins à l’atténuer. Chez ces mêmes peuples, d’ailleurs, la loi morale s’accorde avec la loi religieuse et la loi civile pour proclamer l’égalité de tous les hommes devant Dieu, devant la justice et devant l’impôt.

Mais, en même temps, les peuples prospères maintiennent fermement l’inégalité dans tous les cas où celle-ci sauvegarde l’ordre moral, les justes aspirations de la conscience et les autres intérêts généraux de la société. Au nombre des inégalités nécessaires ils placent en première ligne : dans la vie privée, l’ascendant du prêtre et du père de famille, la suprématie du maître chargé de l’enseignement de la jeunesse et le patronage des chefs d’atelier ; dans la vie publique, une forte hiérarchie fondée sur la richesse, le talent et la vertu. L’intervention du jury dans tous les procès est l’institution la plus propre à démontrer aux peuples la nécessité d’un classement social. Tel niveleur, qui pro-