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selon les temps, les lieux et les races. Cette variété se retrouve même aujourd’hui à un haut degré chez les divers peuples européens. Toutefois les deux faits conservent chacun une grande place dans la constitution sociale des nations prospères, et ils concourent également au bien-être, à la stabilité et à l’harmonie, s’ils sont fécondés par les pratiques de la coutume et par les préceptes du Décalogue.

Dans l’ordre naturel, l’inégalité se montre partout. Elle caractérise en quelque sorte les principaux éléments de la vie physique. Elle apparaît avec évidence dans les trois termes de l’unité sociale, le père, la mère et l’enfant. Elle se révèle en outre dans les familles fécondes par l’extrême diversité d’aptitudes qui règne entre les enfants issus des mêmes parents[1]. Les régions habitables, avec leurs variétés infinies, modifient d’ailleurs profondément la constitution physique de l’homme, et créent à la longue entre les races des inégalités considérables. Mais, d’un autre côté, dans toutes ces races, l’homme, la femme et l’enfant ont la même aptitude naturelle à comprendre et à pratiquer la loi morale, qui est aussi immuable et aussi simple que les lois physiques sont variables et compliquées. Cette commune aptitude

  1. La Réforme sociale, t. Ier, p. 28.