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comme la source de tout bien : elle est d’ailleurs réfutée par les trois dernières époques de notre histoire (§§ 15 à 17).

On peut, à la rigueur, justifier cette confiance dans l’autorité en se reportant à la réforme de certaines races complètement dégradées. Les sauvages qui, de nos jours, ont perdu les plus indispensables notions de la loi morale, ne peuvent sortir de leur abaissement qu’en se soumettant au gouvernement absolu des missionnaires qui leur apportent les préceptes du Décalogue. On a pu voir depuis un siècle, dans la région équatoriale, des exemples remarquables d’une telle régénération accomplie par le principe d’autorité. Mais rien de semblable ne s’est produit chez les Européens de l’Occident, sous l’influence du christianisme, interprété par des clercs dignes de leur mission. Le bien a été surtout propagé par les chefs de famille, les corporations privées et les pouvoirs locaux ; et le mal est venu de l’autorité des souverains (§ 15) plus habituellement que des libertés du peuple. Si, depuis 1789, la nation n’a pas accompli la réforme en reprenant plusieurs fois possession d’elle-même, c’est que les nouveaux gouvernants ont conservé les institutions vicieuses de l’ancien régime en décadence, au lieu de revenir à la saine tradition conservée dans les ateliers par les Autorités sociales.