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villes, nos concitoyens réussissent, dans ce genre de décadence, à regagner le temps perdu. Ils commencent même à devancer leurs émules au moyen de méthodes nouvelles que ceux-ci, dans une société moins désorganisée, n’ont point jugées nécessaires.

Les opinions offrent, en effet, parmi nous des contradictions qui ne sont point encore connues des Anglais, et qui ne pourraient être masquées par aucune forme correcte de langage, même devant les esprits les moins attentifs. Ainsi, par exemple, aucune formule composée de mots définis ne saurait satisfaire à la fois et ceux qui croient en Dieu, et ceux qui considèrent cette croyance comme le principe de toute dégradation[1]. Mais ce qui ne peut être obtenu par aucun arrangement de mots définis devient facile avec des mots vagues qui comportent, selon la disposition d’esprit de ceux qui les lisent ou les entendent, des sens absolument opposés. Beaucoup de mots se prêtent aujourd’hui à ces manœuvres ; et il en est quatre surtout qui, dans le débordement actuel de l’erreur, sont devenus particulièrement propres à dissi-

    ployé des violences de langage que la France n’avait pas encore entendues, même aux plus mauvais jours de la révolution. Ce qui m’étonne le plus dans l’apparition de ce langage nouveau, ce n’est pas la passion des ignorants qui le créent, c’est l’insouciance des hommes éclairés qui ne le combattent pas.

  1. La Réforme sociale, t. Ier, p. 152 (note).