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ignorance au sujet des pratiques sur lesquelles ont reposé, de tous temps, la paix et la prospérité des ateliers de travail (G).

À la vérité, l’erreur n’a plus, de nos jours, ces caractères apparents qui nous choquent quand nous lisons les discours et les écrits des célébrités révolutionnaires. La discussion incessante des intérêts publics a propagé certaines connaissances générales qui manquaient complètement au début de notre ère de discordes. Mais l’enseignement des orateurs et des écrivains politiques est loin d’avoir acquis chez nous la fécondité qu’il offre dans les pays vraiment libres. Là, en effet, les petites autonomies locales sont exclusivement gouvernées par les Autorités sociales et par ceux qui montrent quelque supériorité dans la direction des ateliers de travail. C’est parmi ces derniers que surgissent spontanément, sur tous les points du territoire, les hommes qui, par les bons exemples de leur vie, puis par l’autorité de leurs paroles ou de leurs écrits, seront plus tard appelés à diriger les affaires de l’État. En France, il en est tout autrement. La suppression des libertés locales, commencée par l’ancien régime en décadence, achevée par la révolution infiltrée en quelque sorte dans les mœurs publiques par tous les gouvernements postérieurs, a détruit la vraie pépinière des hommes d’État.