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ceux qui enseignent l’utilité de la réforme et ceux qui réussissent à l’accomplir.

Aux époques de révolution, où la coutume perd son empire, où la société cesse d’aller de soi, où tout est contesté, jusqu’aux rapports traditionnels de la vie privée, les orateurs et les lettrés exercent généralement une fâcheuse influence. Ils ne se bornent plus, comme aux époques d’ordre et de prospérité, à conserver dans les âmes les éternelles notions du vrai : ils sortent de ce domaine pour pénétrer dans les questions qui agitent les esprits ; et alors ils deviennent souvent les auxiliaires de l’erreur. N’ayant jamais été mêlés aux intérêts usuels qui sont en lutte, ils n’ont point un criterium sûr pour les apprécier. Condamnés au doute, et avides de succès, ils sont plus enclins à se faire l’écho des passions du moment qu’à réagir contre l’opinion égarée. Ceux qui, depuis 1789, ont le plus dominé les esprits pendant nos crises politiques et sociales, ont dû leurs succès éphémères au charme de la forme beaucoup plus qu’à la compétence sur le fond. Les orateurs qui ont fait prévaloir avec éclat, dans nos assemblées, les principes d’où sont sorties les souffrances actuelles de notre pays, donnaient dans des aberrations qu’eussent évitées les moindres Autorités sociales (§ 5). Ainsi, ils montrèrent souvent une grossière